Jeudi 29 mai 2008

14h30 Rencontre professionnelle
Les écritures théâtrales contemporaines au lycée

18h Prix des lycéens
Autour de ma pierre il ne fera pas nuit de Fabrice Melquiot

20h Lecture
Le Grenier de Yôji Sakate
Avec Thierry Blanc, Jean-Marie Boëglin, Stéphane Czopek, Anouch Durand, Grégory Faive, Bernard Garnier, Hélène Gratet, Sylvie Jobert, Dominique Laidet, Jean-François Matignon, Philippe Saint-Pierre
Lecture dirigée par Jean-François Matignon

22h Café des Auteurs
avec Yôji Sakate et Corinne Atlan


Le Grenier de Yôji Sakate [Japon 2002]
Traduit du japonais par Corinne Atlan [2007]

Une mystérieuse entreprise vend sur Internet des greniers en kit permettant de vivre coupé du monde. Un homme dont le frère s’est suicidé cherche à retrouver le “criminel” qui les fabrique. Son enquête le mènera jusqu’au constructeur – son alter ego –, à l’issue d’un défilé de personnages loufoques, touchants ou inquiétants, qui se croisent dans l’espace clos du “grenier” où se déroule toute la pièce. D’abord mis en vente dans un salon spécialisé, l’ultime refuge du suicidé connaîtra des usages divers – une lycéenne maltraitée par ses camarades l’installe dans sa chambre, deux détectives style Dupond et Dupont y font la planque avant d’être remplacés par deux samouraïs surgis du passé mais qui leur ressemblent étrangement, une jeune femme déboussolée s’y enferme pour se protéger des germes extérieurs, excluant ainsi jusqu’à son mari, un pervers y séquestre, au vu et au su de sa mère, une toute jeune fille… Un lien se noue peu à peu entre ces différentes saynètes menées sur un rythme enlevé, et l’on découvre finalement que ce “grenier”, qui concentre toutes les pathologies d’une société japonaise profondément aliénée, peut également devenir source de liberté et de poésie lorsqu’une imagination enfantine s’en empare.
“Quand nous étions enfants, dit le personnage du frère aîné, mon frère et moi voulions construire une machine à voyager dans le temps. Pour pouvoir aller partout et tout voir.” L’imagination est la seule liberté qui nous reste, semble conclure Sakate, tandis que le grenier redevient celui de la vieille maison familiale et que s’achève, sur le bruit du vent soufflant sur les ténèbres, cette pièce à la fois onirique et ancrée dans un monde très actuel. Corinne Atlan

Yôji Sakate, né en 1962 à Okayama, fonde en 1983 sa compagnie Rinko Gun pour laquelle il écrit et met en scène de nombreux textes où il explore d’un point de vue « journalistique » des problèmes sociaux et réagit à l’actualité politique immédiate aussi bien au Japon que dans le monde. Dans son travail qui tient d’un laboratoire, la compagnie Rinko Gun élabore un style qui exploite des formes et des expressions aussi diverses que le Nô, le buto, la musique, le cinéma, la vidéo, les arts plastiques. Traitant de sujets controversés et souvent tabous, ses pièces font souvent l’objet de critiques et de polémiques. Lauréat de nombreux prix pour ses pièces et mises en scène, il est actuellement président de l’Association des auteurs dramatiques et directeur de l’Association des metteurs en scène japonais. Outre son théâtre « social », il a adapté et mis en scène des pièces d’auteurs étrangers dont une adaptation des Trois sœurs de Tchekhov, qu’il va remonter en 2008 à Londres. Plusieurs pièces de Yôji Sakate (Le grenier, Épitaphe pour les baleines, L’empereur et le baiser, Night crawlers, La capitale du royaume des dieux, Baleiniers dans les mers du Sud, Le souffle coupé, Le procès de Tokyo) ont été traduites et créées en anglais, russe, polonais, allemand, bulgare, hongrois, slovaque, indonésien.

Corinne Atlan est née en Algérie. Après des études de japonais à l’INALCO, elle a vécu une quinzaine d’années en Asie, au Japon et au Népal où elle a enseigné le français. Depuis 1990, elle a traduit une quarantaine de romans japonais, dont Le Bouddha Blanc de Tsuji Hitonari, prix Fémina étranger 1999 (Mercure de France), et le tout récent Kafka sur le Rivage de Haruki Murakami. Elle se passionne aussi bien pour l’œuvre d’auteurs classiques – Mori Ogai, L’Intendant Sanshô, Natsume Sôseki, La Porte, chez Picquier –, le roman historique – Inoue Yasushi, Le château de Yodo, La Favorite – Shiba Ryôtarô , Le Dernier Shôgun – Asada Jirô , Le roman de la Cité Interdite, Picquier – que pour divers aspects de la littérature contemporaine – Oba Minako, Murakami Haruki, Murakami Ryû, Hirano Keiichirô.