Cahier de texte de …
EMBROUILLEURS !
de JAN SOBRIE [Belgique]
en collaboration avec Raven Ruëll (2018)
Embrouilleurs ! (Woestzoeker) est traduit du néerlandais par Esther Gouarné (2020)
Avec le soutien de la Maison Antoine Vitez, centre international de la traduction théâtrale
Embrouilleurs !, c’est l’histoire de Sammy et Ebenezer, deux enfants confrontés à la violence de la pauvreté, à ces effets dans leur quotidien, à l’école, dans leur quartier, dans leur façon d’appréhender le monde. Sam a perdu sa mère, son père vient d’être licencié et ils doivent quitter leur logement. Les parents d’Ebenezer croulent sous le poids des factures et rétrécissent littéralement à chaque nouveau courrier reçu. Sam et Ebenezer font officiellement partie du club des « T’es dans la merde ». Vient le moment de la classe de neige, d’une injustice subie de plein fouet et d’une réaction en forme d’initiation à la révolte. Car Sam et Ebenezer voient bien que dans les tours au milieu desquelles ils habitent, ils sont nombreux à subir un rétrécissement de l’horizon.
EXTRAIT
>> Lire l’extrait de Embrouilleurs !
INTERVIEW DE L’AUTEUR
>> Retrouvez l’interview de Jan Sobrie en vidéo
RENCONTRE AVEC L’AUTEUR PENDANT LE FESTIVAL REGARDS CROISÉS 2021
Une rencontre avec
JAN SOBRIE – Auteur
ESTHER GOUARNÉ – Traductrice
ANNE COUREL – Directrice de l’Espace 600
FANETTE ARNAUD – Modératrice
QU’EST CE QUI A MOTIVÉ/PROVOQUÉ/SUSCITÉ L’ÉCRITURE DE CE TEXTE ?
J’ai lu un article dans le journal qui m’a choqué : il s’agissait du fait qu’il y a encore beaucoup d’enfants pauvres en Belgique. Des histoires d’enfants qui n’ont pas de sandwichs dans leur boîte à lunch et qui restent donc dans les toilettes jusqu’à la fin de la pause déjeuner parce qu’ils ont honte, des enfants qui n’osent pas dire à leurs parents qu’ils ont mal aux dents, parce qu’ils savent que leurs parents ont des difficultés et ne peuvent pas payer.
Aujourd’hui, nous sommes en 2021, comment est-il possible que des enfants dans le monde entier vivent dans la pauvreté ou pire : meurent de pauvreté ! parce qu’ils n’ont ni nourriture ni eau. Si vous réalisez que les dirigeants « mondiaux » d’aujourd’hui pourraient parfaitement résoudre ce problème, alors vous commencez à être en colère et même furieux. Je pense que c’est Wagner qui a dit un jour que chaque artiste a besoin d’un ennemi pour créer. Eh bien… cette triste réalité était mon ennemi et la source d’inspiration où j’ai trouvé l’énergie pour écrire. Dans l’histoire, quelque chose de terrible arrive à Sammy et Ebenezer, je ne dirai pas ce que c’est, donc vous devez venir voir le spectacle ou lire la pièce, mais ce « quelque chose » est aussi arrivé à un ami de ma classe quand j’étais un jeune garçon. Lorsque j’écris pour des enfants, je me plonge dans mon cerveau et j’essaie de déterrer des souvenirs. C’est donc ce que j’ai fait au cours de ce processus d’écriture.
Le véritable sujet de la pièce n’est cependant pas la pauvreté des enfants, mais l’amitié fantastique entre Sammy et Ebenezer. Raven Ruëll (metteur en scène, ndlr.) et moi avons essayé de raconter une histoire universelle. Je pense qu’il n’y a pas de différence entre les enfants lorsqu’ils lisent ou voient une pièce de théâtre, peu importe d’où ils viennent. Les enfants sont le public le plus honnête que l’on puisse imaginer, ils le disent s’ils n’aiment pas ce qu’ils voient ou lisent. Contrairement aux adultes, après la première, ils boivent un verre de vin et disent peut-être qu’ils aiment la pièce, mais il est beaucoup plus difficile de savoir ce qu’ils en ont vraiment pensé. Avec les enfants, ce n’est pas le cas : ce que vous voyez, c’est ce que vous obtenez. Les adultes ne disent pas toujours ce qu’ils pensent vraiment.
BIOGRAPHIE DE L’AUTEUR, JAN SOBRIE
Jan Sobrie (1979) est un auteur, comédien et metteur en scène belge. Il a travaillé pour de nombreuses compagnies en Belgique, en France, en Allemagne et en Suisse. En 2009, il est nominé pour le Prix Culturel Flamand. En 2010, il reçoit le Prix « de gouden klaproos » de la SABAM pour l’ensemble de son œuvre théâtrale. Sa pièce Titus a remporté de nombreux prix en Europe et aux Etats Unis. Ses pièces Zolderling, Titus, Fimosis ont été sélectionnées pour le theaterfestival belge et sont traduites en français, anglais et allemand. Sa pièce Bekdichtzitstil a été sélectionnée pour le theaterfestival hollandais et a reçu le prix « de zilveren krekel ». Plus récemment, Jan Sobrie a mis en scène Nachspielzeit pour le Schauspielhaus Zürich et à Leipzig, il a fait la mise en scène pour Wutschweiger (Theater Artemis), une pièce qu’il a écrite et avec laquelle il a gagné de nombreux prix en Allemagne dont le « Deutscher jugendtheaterpreis 2020 ». Ses futurs projets sont une mise en scène d’une adaptation de La Tempêtede Shakespeare par Tom Lanoye et une réinterprétation et mise en scène du cycle Winterreise avec Muziektheater transparant et opera Ballet vlaanderen.
LES COUPS DE CŒURS LITTÉRAIRES DE JAN SOBRIE
- La Résistible Ascension d’Arturo Ui de Bertold Brecht, L’Arche Éditeur, 1997
- Edmond suivi de Une vie de théâtre de David Mamet, L’avant-scène, 2020
- Boy and Going Solo de Roald Dahl, Penguin Group, 2016
BIOGRAPHIE DE LA TRADUCTRICE, ESTHER GOUARNÉ
Esther Gouarné obtient en 2014 un doctorat en Arts du spectacle, sur le théâtre néerlandophone (Paris X/VUB). Elle collabore avec les troupes néerlandaises Warme Winkel et Wunderbaum puis participe comme comédienne à la création de K.A.K.-Alliance des Bricoleurs de Koekelberg à Bruxelles, avec des créations multiformes et multilingues sur des sites urbains : Penultimo Humano, Safari, Life, Death &Television, Snow, U.F.O… Elle participe actuellement à la création du spectacle documentaire Extreme/Malecane. Comme traductrice elle travaille avec le VTI, le TIN et la Maison Antoine Vitez (où elle coordonne le comité néerlandophone avce Mike Sens).
LE REGARD DE LA TRADUCTRICE
Cette pièce traite d’un sujet très fort et l’adresse avec intelligence et humour à un public jeune (enfants et pré-adolescents à partir de 8 ans). Toujours sur un fil, elle nous fait naviguer entre des émotions contraires et ambivalentes, entre le rire et les larmes, et se prête à une mise en scène très dynamique et physique. Elle évite les écueils du moralisme et du pathos en jouant sur différents registres et en situant la narration dans la bouche des deux protagonistes hauts en couleurs. Elle aborde de front les problématiques de l’exclusion sociale, de l’humiliation et des inégalités, tout en apportant de l’humour et de l’optimisme, au fil d’un récit très bien rythmé. La note finale permet une ouverture onirique et ouvre un espoir dans le futur sans pour autant édulcorer le récit avec une résolution en « happy end » trop facile. (Source site Maison Antoine Vitez)