Gloria Gloria

Cahier de texte de …

GLORIA GLORIA
de MARCOS CARAMÉS-BLANCO [France], 2019

Comme chaque jour à 5h30, Gloria au réveil s’en roule une et la journée commence : café, cigarette, maquillage, cigarette, coup de fil à Rita sa meilleure amie, aspirateur, cigarette… avant d’aller nettoyer la merde chez madame Paule, sa patronne incontinente, puis retour pour préparer des pâtes à José, son mec au chômage et surtout au bistrot, vaisselle, cigarette… Mais aujourd’hui rien ne se passe comme d’habitude dans de la vie de Gloria. C’est Rita qui nous conte ces 24h de folie ou de lucidité où tout déraille. Tel un chemin de croix vers l’émancipation, Gloria Gloria avance en un travelling halluciné. Le rythme vers l’inexorable est haletant, ordonnant une trajectoire à la fois tragi-comique, jouissive et cathartique.

EXTRAIT
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INTERVIEW DE L’AUTEUR

>> Retrouvez l’interview de Marcos Caramés-Blanco en vidéo

 

RENCONTRE AVEC L’AUTEUR PENDANT LE FESTIVAL REGARDS CROISÉS 2021

Une rencontre avec
MARCOS CARAMÉS-BLANCO – Auteur
PAULINE BOUCHET – Modératrice

 

QU’EST CE QUI A MOTIVÉ/PROVOQUÉ/SUSCITÉ L’ÉCRITURE DE CE TEXTE ?

« Lorsque je suis arrivé en première année dans le département d’écriture de l’ENSATT, il nous a été proposé la commande d’un texte autour des violences politiques. Je n’avais pas encore beaucoup écrit pour le théâtre, et mes textes précédents ressemblaient plus à des longs poèmes, ou des successions de monologues, des formes plus hybrides, matérielles. Je me suis dit qu’il était temps de me lancer dans une écriture plus structurée, fonctionnalisée, et surtout, de travailler à l’écriture d’un personnage. Un personnage, dans tout ce que ça a de particulier, mais aussi de construit, de factice, de maquillé. Alors j’ai commencé par chercher l’être singulier que j’allais mettre en mouvement, en dressant une sorte de portrait. C’est donc d’abord un poème dramatique qui est apparu sur ma page. Le texte développait une sorte d’esthétique comportementaliste, très proche du quotidien, du corps du personnage, cherchant à explorer comment la violence politique peut venir s’immiscer dans le parcours sensible d’un individu. J’avais d’abord envie de raconter le personnage, avant de le montrer. J’avais en tête ces flashs de scènes pyromaniaques, des tout petits bouts de scènes dialoguées, mais c’était surtout la structure temporelle que je travaillais, cherchant à créer un petit mille-feuille entre le présent de narration, les scènes de la veille et ces flashs, ces ralentis. Ce n’était pas encore Rita qui narrait l’action, et les scènes dialoguées sont vraiment arrivées à la fin du processus d’écriture, et ont complètement bouleversé la dramaturgie, lui donnant quelque chose de plus organique, corporel, comique aussi. Je m’intéressais déjà depuis un moment à l’écriture des violences de genre et de classe, avec pour boussoles les notions de carcan et de sortie de route. Et je savais que je voulais que le personnage s’appelle Gloria, parce que c’est un prénom qui sonne, que j’aime beaucoup et qui porte déjà en lui tout un héritage et une mythologie. Gloria est née d’un grand mélange de tout un tas de choses que j’aime et qui m’ont construit, télescopant des souvenirs de mon enfance et des références diverses issues de la culture savante et populaire. Je voulais comme croiser Akerman, Almodóvar, Genet et Britney, avec tout un tas de lectures dont celle d’Elsa Dorlin que nous avions rencontre cette année-là à l’ENSATT avec Olivier Neveux. La pièce est certainement motivée aussi par l’envie de représenter l’existence d’une personnalité singulière et attachante à la marge de la société, rendant une sorte d’hommage paradoxal à mes appartenances sociales. C’était l’aboutissement d’envies de tentatives très fictionnelles, laissant toute leur place à l’excès, au corps, au désir, au feu. C’est certainement ma première pièce la plus « finie », donc elle contient beaucoup de choses que j’avais envie de voir sur scène ou simplement d’essayer. On entre ainsi du matin jusqu’à la nuit pour 24 heures dans la vie de Gloria, dont personne ne se méfie, et qui finit par tout détruire sur son passage, dont les mains viennent s’armer de violence presque malgré elles. »

 

MARCOS CARAMÉS-BLANCO

Marcos Caramés-Blanco © Lou Morel

© Lou Morel

Né en 1995 dans les Pyrénées, Marcos Caramés-Blanco est écrivain-dramaturge. En 2015, il cofonde la Cie Continuum à Toulouse, d’abord en tant que metteur en scène. Puis, suite à une classe préparatoire littéraire au Lycée Saint-Sernin et un master à l’Université Lyon 2, il intègre en 2018 le département d’écriture dramatique de l’ENSATT, d’abord dirigé par Enzo Cormann et Samuel Gallet puis par Pauline Peyrade et Marion Aubert, et décide de se consacrer pleinement à l’écriture pour le théâtre. En 2019, sa pièce Départs sans fuite est créée au Théâtre de l’Élysée par un collectif issu du Conservatoire de Lyon. À l’automne, Gloria Gloria obtient l’aide à la création de textes dramatiques ARTCENA. Elle sera ensuite sélectionnée par plusieurs comités de lecture (Comédie de Caen, CDN d’Orléans, Mousson d’été, Troisième Bureau, Actoral). En 2020, il écrit À sec (chroniques de la fin) suite à une commande de Sarah Delaby-Rochette et la pièce est créée à l’ENSATT en décembre. Avec Jean Gueudré, concepteur sonore, il réalise Doloris, un documentaire radiophonique autour de l’écoute de la douleur physique. En 2021, son texte TW (lingua ignota) est créé par la metteuse en scène Maëlle Dequiedt.

 

 BIBLIOGRAPHIE

  • TW (lingua ignota), 2021.
  • À sec, 2020.
  • Gloria Gloria, 2019.
  • Départs sans fuite, 2019.
  • Point mort, 2017.

 

COUPS DE CŒURS LITTERAIRES DE MARCOS CARAMÉS-BLANCO

  • Notre-Dame des Fleurs de Jean Genet, Gallimard Folio, 1976
  • Les Vilaines de Camila Sosa Villada, éditions Métailié, 2021
  • 448 Psychose de Sarah Kane, L’Arche Éditeur, 2001