Anatomie d’un suicide

Cahier de texte de …

ANATOMIE D’UN SUICIDE
de ALICE BIRCH [Angleterre]

Anatomie d’un suicide (Anatomy of a Suicide) est traduit de l’anglais par Séverine Magois
Avec le soutien de la Maison Antoine Vitez, centre international de la traduction théâtrale
United Agents, Londres, via l’agence MCR, Paris.

“Il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux : c’est le suicide”, écrivait Albert Camus en ouverture du Mythe de Sisyphe. Parmi les plus grands tabous posés au concept de l’existence, le suicide est ici interrogé à travers la trajectoire de trois générations de femmes. Carol, Anna et Bonnie sont les héritières tour à tour d’une malédiction qui emprunte à bas bruit le chemin des mères. D’où vient que nous soyons ou non dotés de l’appétit de vivre ? Peut-on choisir de s’affranchir d’un tel fardeau ? Sur la page, les trois itinéraires se déploient côte à côte, révélant les frottements d’une histoire qui tantôt se répète, se distend ou se prend de sursauts. Par fines touches, Alice Birch fait affleurer ce qui dans la vie parfois vacille, et c’est bouleversant.

EXTRAIT
>> Lire l’extrait d’Anatomie d’un suicide

Le texte est disponible dans son intégralité auprès de la Maison Antoine Vitez, centre international de la traduction théâtrale.

 

BIOGRAPHIE DE L’AUTRICE, ALICE BIRCH

© Georgina Ower

© Georgina Ower

Après un diplôme de littérature anglaise à l’Université d’Exeter, Alice Birch étudie l’écriture dramatique au Royal Court de Londres, sous l’égide de Simon Stephens. Elle devient auteure en résidence au Studio du National Theatre (2010), puis au Royal Court (2012) et intègre le “Royal Court Supergroup”, qui rassemble les auteurs les plus prometteurs de sa génération. Un talent qui n’a cessé de s’affirmer depuis.
Parmi ses pièces, citons notamment Many Moons (Theatre503), Little Light (Orange Tree), Revolt. She said. Revolt again (Royal Court, Prix George Devine 2015), We Want You To Watch (National Theatre), [Blank] (Donmar Warehouse).
Ces dernières années, elle a noué une étroite relation de travail avec Katie Mitchell, qui a successivement mis en scène Ophelia’s Zimmer (Schaubühne, Berlin, 2015), Anatomy of a Suicide (Royal Court, Londres, 2017), et ses adaptations de Schatten (E. Jelinek), La Maladie de la Mort (M. Duras) et Orlando (V. Woolf).
Finaliste en 2012 et 2015 du Susan Smith Blackburn Award, prix américain consacré aux pièces écrites par des femmes, elle le reçoit en 2017 pour Anatomy of a Suicide.
Elle travaille actuellement sur plusieurs projets d’écriture, commandes que lui ont respectivement passées l’Almeida Theatre, le Jerwood Opera et le National Theatre.
Elle écrit également pour le cinéma. En 2017, elle signe le scénario de Lady Macbeth (adapté du roman de Nicolaï Leskov, 1865 ; film sorti en France sous le titre de The Young Lady), couronné par de nombreux prix internationaux (dont le prix du meilleur scénario au festival de Turin). Elle travaille actuellement à l’adaptation de Mothering Sunday, un roman de Graham Swift, et de The Silent Patient, thriller psychologique d’Alex Michaelides.
Pour la télévision, elle co-écrit le scénario de la série Normal People adaptée du roman éponyme de Sally Rooney (4 nominations aux Emmy Awards 2020). Elle travaille actuellement, toujours avec Sally Rooney, à l’adaptation d’un autre de ses romans, Conversations with Friends. 
Ses textes, représentés au Royaume-Uni par United Agents, sont publiés par Oberon Books.
En France : en 2012, sitôt après avoir découvert son écriture sur les conseils de Matt Hartley, Séverine Magois, alors membre du collectif artistique de la Comédie de Valence, lui passe commande d’un monologue (Sel) dans le cadre du projet Une chambre en ville / Festival Ambivalence(s) ; en 2016, Arnaud Anckaert créée Revolt. She said. Revolt again dans une traduction de Sarah Vermande.
Adaptations pour Katie Mitchell : Schatten à La Colline-théâtre national (2018), La Maladie de la Mort aux Bouffes du Nord (2018) et Orlando au Théâtre de l’Odéon (2019).
Anatomie d’un suicide aurait dû être créée en français par Katie Mitchell à La Colline Théâtre National en janvier 2021 ; création annulée (Covid-19).

 

BIOGRAPHIE DE LA TRADUCTRICE, SÉVERINE MAGOIS

© J.-L. Fernandez

© J.-L. Fernandez

Après des études d’anglais et une formation de comédienne, Séverine Magois s’oriente vers la traduction théâtrale et rejoint la Maison Antoine Vitez dès 1992. Depuis 1995, elle traduit et représente en France l’œuvre de Daniel Keene (éditions Théâtrales) et le théâtre pour enfants de Mike Kenny (Actes Sud/Heyoka jeunesse). Parallèlement, elle traduit, tant pour la scène que l’édition, de nombreux autres auteurs. Son travail a été salué à plusieurs reprises (Molière, Prix des Journées de Lyon des auteurs de théâtre, Prix de la SACD).

 

LE REGARD DE LA TRADUCTRICE

Si le destin de ces trois femmes, dans leur quête d’identité, et l’impossibilité qui est la leur d’assumer avec bonheur toute maternité, est souvent bouleversant, parfois glaçant, la pièce n’est jamais lugubre et s’avère même franchement drôle par moments, grâce notamment à certains personnages secondaires (notons au passage que les personnages des petites filles et des adolescentes sont particulièrement réussis). Sans compter qu’elle se clôt sur une scène d’apaisement – la vente de la maison familiale, presque un personnage en soi, une autre façon pour Bonnie d’échapper à la reproduction du pire et à un héritage si lourd à porter.
La pièce, que l’auteure a écrite comme une partition d’une infinie précision, est formellement stupéfiante. Le jeu des analogies et des oppositions entre les différentes histoires, l’alternance entre images silencieuses et scènes dialoguées, offrent des possibilités de mise en scène assez vertigineuses. Au fil des dialogues, dont l’écriture brève, incisive est parfois ponctuée de monologues au style plus « baroque », les personnages se répondent sur scène mais aussi à travers le temps, véritable tour de force d’un texte dont la forme épouse le fond avec une virtuosité peu commune.
(Source Maison Antoine Vitez – https://www.maisonantoinevitez.com/fr/bibliotheque/anatomie-suicide-1099.html)