Billybeille

Cahier de texte de …
BILLYBEILLE
de Evan Placey [Angleterre]

Billybeille [WiLd!] est traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Adélaïde Pralon.
Evan Placey est représenté par Tanya Tillett, The Agency, Londres.

Billybeille comme Billy, l’abeille. C’est le surnom d’école d’un garçon hyperactif de 11 ans à qui sa maîtresse de CM2 donne le rôle d’un Bonsaï immobile dans la pièce de théâtre de fin d’année. Seulement, Billy n’est pas dupe du regard stigmatisant des autres sur lui. À la maison, tout repose sur sa mère. Son père est parti avec Patrick, son frère. Il espère pourtant leur retour. D’ailleurs, il prend soin de la ruche d’abeilles du père en répétant les gestes appris auprès de lui. Mais ce dernier vit à deux rues de là, pour ses abeilles dont il s’occupe toujours. En découvrant la dure vérité, Billy fait une crise et casse la ruche sans que les abeilles ne le piquent. Un épisode qui l’auréole d’une nouvelle renommée à l’école, loin des quolibets dont il était victime jusque-là.
Dans ce texte, la personnalité de Billy est matérialisée par son monologue entrecoupé de multiples scènes où il fait évoluer son entourage. Son phrasé est éclectique mais fluide et drôle. Les abeilles, désordonnées en apparence, l’apaisent par leur organisation et constituent une métaphore édifiante sur la notion d’altérité.

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© Katie Musgrave

QU’EST CE QUI A MOTIVÉ / PROVOQUÉ / SUSCITÉ L’ÉCRITURE DE CE TEXTE ?
Souvent, quand on raconte des histoires sur le handicap, on les ne les raconte pas du point de vue de celui qui porte le handicap. Je voulais raconter l’histoire d’un garçon atteint d’un TDAH (Trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité) de son point de vue – c’est-à-dire nous faire entrer dans sa tête et trouver la forme et le style qui permettent au spectateur de vivre une expérience du monde similaire à la sienne. En même temps, je ne voulais pas que la pièce traite simplement du handicap car bien qu’il s’agisse du prisme à travers lequel le personnage voie le monde, son monde ne se résume pas à son handicap. J’avais aussi l’intention d’écrire l’histoire d’un enfant qui tente de comprendre la séparation de ses parents. Je crois que le thème universel qui m’intéressait était avant tout la sensation d’être « incompris » ou « pas à sa place », une notion que l’on retrouve d’une façon ou d’une autre dans TOUTES mes pièces. Comme mon compagnon élève des abeilles, j’avais envie d’écrire un texte à propos de cet univers et cette histoire-là m’a semblée propice à cette exploration : l’histoire d’un garçon aussi fougueux que les abeilles.
Evan Placey traduit par Adélaïde Pralon

LE REGARD DE LA TRADUCTRICE
Comme toujours, Evan réussit brillamment à trouver la forme qui convient au sujet qu’il aborde. Dans Billybeille, la langue rythmée, les longues phrases sans ponctuation illustrent parfaitement l’énergie débordante de Billy et son flot incessant d’idées. Il y a toujours dans les pièces d’Evan au premier plan l’histoire, le parcours d’un individu qui peine à s’accepter tel qu’il est et qui découvre au fil du texte des moyens de trouver sa place dans le monde, et au second plan la langue, toujours musicale, qui transpose la réalité dans un univers poétique. Evan aborde des sujets délicats, durs même, avec beaucoup d’humour et nous cueille, par surprise, dans des moments poignants d’émotion. En tant que traductrice, il y a toujours face à ses textes ce défi à relever : donner vie à une langue extrêmement simple en apparence, mais en réalité minutieusement ciselée. Adélaïde Pralon

LA VIE DU TEXTE
– Le texte intégral de Billybeille est disponible sur demande auprès de la Maison Antoine Vitez ;
– La pièce a été montée par la compagnie Tutti frutti et a tourné dans toute l’Angleterre, ainsi que sur un festival aux États-Unis ; elle a également été mise en scène en Allemagne ;
– La Cie Ariadne d’Anne Courel – également directrice de l’Espace 600 à Grenoble – a monté plusieurs des pièces d’Evan Placey : Ces filles-là et Holloway Jones. Elle devait présenter une lecture de Billybeille en ouverture du 20ème festival Regards croisés ;
Billybeille est une sélection 2020 du comité de lecture de Troisième bureau.

BIOGRAPHIE
Evan Placey a grandi à Toronto et vit désormais à Londres. Il a écrit plus d’une dizaine de pièces pour les jeunes, parmi lesquelles Mother of Him (lauréate, entre autres, du prix King’s Cross des nouvelles écritures britanniques), Banana Boys, Suicide(s) in Vegas, Scarberia, How Was It For You ?, Holloway Jones (lauréate du Brian Way Award 2012, meilleure pièce pour les jeunes), Pronoun, Consensual et Jekyll and Hyde. Il écrit actuellement une pièce pour le National Theatre et plusieurs projets pour le cinéma et la télévision. Ses textes ont été joués au Royaume-Uni, au Canada, en France, en Allemagne, en Israël, en Corée du Sud, en Grèce, en Italie et en Croatie. En France, ses textes ont été montés par Anne Courel et Guillaume Doucet. Ces filles-là a remporté en 2015 le prix Scenic Youth de la comédie de Béthune, le Coup de cœur des lycéens de Loire Atlantique et le prix Orphéon. La pièce tourne actuellement dans les mises en scène de quatre compagnies.

BIBLIOGRAPHIE
Jekyll and Hyde, Nick Hern Books, 2017
Girls Like That, Nick Hern Books, 2013
Pronoun, Nick Hern Books, 2014
Consensual, Nick Hern Books, 2015
Banana Boys, Nick Hern Books, 2016
Holloway Jones, Nick Hern Books, 2016
Girls Like That and other plays for teenagers (Girls Like That, Banana Boys, Holloway Jones, Pronoun),  Nick Hern Books, 2016
Mother of Him, Samuel French, 2013
Les pièces traduites aux éditions Théâtrales jeunesse
Holloway Jones, trad. Adélaïde Pralon, 2016
Ces filles-là, trad. Adélaïde Pralon, 2017

SES 3 COUPS DE CŒUR LITTÉRAIRES
Catcher in the Rye (L’Attrape-cœurs) de JD Salinger, Robert Laffont, 2016
The Secret History (Le Maître des illusions) de Donna Tartt, Pocket 2014
Where the Wild Things Are (Max et les Maximonstres) de Maurice Sendak, École des loisirs, 1972

© Samuel Berthet

ADÉLAÏDE PRALON, traductrice
Comédienne, metteuse en scène et dramaturge, Adélaïde Pralon dirige la compagnie Tout le désert à boire au sein de laquelle elle met en scène ses propres textes, parmi lesquels Chacun chez soi et Combinaisons. Elle accompagne aussi depuis des années Valère Novarina en tant que dramaturge. Elle travaille régulièrement au  théâtre Csokonai de Debrecen, en Hongrie où elle a monté Pour Louis de Funès de Valère Novarina, La vie rêvée un spectacle musical sur George Sand et Feydeau, histoire d’une répétition d’après l’œuvre de George Feydeau. Elle traduit des romans pour les éditions Liana Levi, parmi lesquels Kapitoil de Teddy Wayne (lauréat du prix de traduction Pierre-François Caillé), L’Autre côté des docks d’Ivy Pochoda (prix Page America 2013) et les romans de Qiu Xiaolong. Membre du comité anglais de la maison Antoine Vitez, elle traduit plusieurs auteurs de théâtre, parmi lesquels Simon Stephens, Nicola Wilson , Henry Naylor et Evan Placey.