Vendredi 4 juin 2010 Nez rouges, peste noire

19h lecture (durée 3h avec entracte)

[Participation 5 €]


Nez rouges, peste noire


de Peter Barnes

Traduit de l’anglais par Gisèle Joly avec le soutien de la Maison Antoine-Vitez, Centre international de la traduction théâtrale à Montpellier.


Editions Domens
, mai 2010, avec le soutien de Troisième bureau

Postface de Mireille Losco-Lena


1348. La peste noire sévit à travers toute l’Europe. La société et ses institutions sont en plein chaos. Les flagellants parcourent le pays, offrant la ré­demption par la souffrance. À Auxerre, un prêtre cherchant à adoucir les peines de ses contemporains en ces temps d’affliction croit avoir reçu pour mission du Très-Haut de les réconforter par des rires. S’adjoignant les talents de ceux que le hasard (Dieu ?) envoie sur sa route, – un muet qui ne s’exprime que par le mime, la danse, et les clochettes dont son habit est recouvert, un prêtre fanatique dépêché par les autorités ecclésiastiques pour mieux le surveiller, un soudard belliqueux et un aris­tocrate renégat en mal d’ennemis à pourfendre, qui se sont consolés en vandali­sant les couvents, une religieuse qui aspire à se faire violer par pénitence –, le père Flote crée une confrérie de la joie, « les Clowns du Christ », qui se préci­pitent sans plus tarder à Avignon… au Palais du pape.
En traitant des folles tentatives invraisemblablement couronnées de succès du père Flote pour triompher de la peste par le rire, Barnes a mis sur scène l’Europe du Moyen Âge, inventant pour ses personnages une langue bizarre qui mêle les tournures archaïques, l’argot contemporain et les plai
­santeries de music-hall. Cette pièce fait découvrir au public un monde éblouissant et inouï, une vision de la vie humaine qui une fois contemplée ne pourra jamais s’oublier.

Lire un extrait


Avec Gilles Arbona, Thierry Blanc, Jean-Marie Boëglin, Jean-Vincent Brisa, Stéphane Czopek, Pierre David-Cavaz, Grégory Faive, Léo Ferber, Bernard Garnier, Yann Garnier, Émilie Geymond, Hélène Gratet, Sébastien Hoën-Mondin, François Jaulin, Sylvie Jobert, Danièle Klein, Domnique Laidet, André Lehir, Serge Papagalli, Philippe Saint-Pierre, Claire Semet, Pablo Thévenot, Nicole Vautier
Lecture dirigée par Grégory Faive, Dominique Laidet


Voir les photos

La pièce Nez rouges, peste noire ne propose pas seulement un spectacle puissant, porté par une vaste fable et d’intenses tableaux visuels et sonores – la musique, le chant et la danse ont une importante part dans la dramaturgie –, image-nrpnelle tient aussi des pièces-paraboles brechtiennes, à la fois ludiques et méditatives, récréatives et critiques. La vertigineuse dramaturgie de Nez rouges, peste noire produit un jeu qui éveille et bouscule, et qui s’adresse délibérément à l’homme contemporain. Le protagoniste de la pièce n’est pas exactement Marcel Flote : c’est plutôt son rire, ou, plus précisément encore, le Rire humain, le Rire de l’Homme. […] La Passion du Rire selon Peter Barnes a une dimension aussi absurde – et aussi profonde – que la Passion du Christ : elle maintient l’Homme debout par-delà le supplice, et son ecce homo retentit de la promesse inouïe d’un nouveau départ. « Dieu, on est partants » : la dernière réplique de la pièce dit cette rage et cette ivresse de vivre que contient toute grande joie humaine. Comme le dit Clément VI – qui est, du reste, le personnage le plus lucide de la pièce : « Qui sait ce qui résultera d’un seul acte de bonté extravagant ? » Comprenons bien : l’acte de bonté n’a de puissance que dans l’extravagance du rire. Le papillon, on le sait, peut provoquer des ouragans. Mais à condition que son battement soit un coup d’aile ivre.

Mireille Losco-Lena postface à l’édition de Nez rouges, Peste noire, Domens 2010.